Jacques-Pierre Brissot
Sociologie historique d’une entrée en révolution
Dans les Origines intellectuelles de la Révolution française, publiées en 1933, Daniel Mornet voit en la figure de Brissot « l’image complète de toutes les aspirations d’une génération ». Cet ouvrage vise à relancer son intuition en proposant, grâce à un travail inédit de dépouillement systématique de ses archives privées, une sociologie de l’entrée en révolution (et non de la pré-révolution, car on ne pouvait la prédire alors) d’une jeunesse intellectuelle au crépuscule de la société française d’Ancien Régime.
Cet ouvrage permet de comprendre comment un homme du commun éduqué, d’abord désireux d’intégrer les hautes sphères de la société de son temps, devient l’un des principaux agents de son renversement. Habité par une idée de la noblesse fondée sur la vertu plutôt que sur la naissance, il s’en attribue les qualités et tente de les faire reconnaître sur le champ littéraire. Mais il se heurte à l’indifférence de ses pairs illustres et à ce qu’il appelle le « crime de bassesse », soit le destin d’être né dans la « classe des artisans ». Brissot a le sentiment de ne pas occuper sa juste place dans une société d’ordres et d’états.
De frustré et méprisé, Brissot renaît à l’identité au sein d’une communauté des opprimés aux côtés du protestant, du juif, du quaker, de l’Américain, du Genevois, de l’Anglais, du Valaque, du Brabançon, du Batave, du paysan, du prisonnier et de l’esclave noir. De victime, il se fait observateur de la souffrance universelle, produit du despotisme, puis acteur de la Révolution, d’une révolution d’abord philosophique puis politique, à la fois universelle et nationale.
Avec le soutien du Fonds de recherche du Québec (Société et Culture).
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