
Une France des sans voix ?
Immigration et vie politique en France (XIXe- XXe siècles)
La vie politique est-elle le privilège du national ? Une image largement
véhiculée dépeint étrangers et immigrés comme des "sans-voix" dans le
concert politique français, privés de l'accès aux urnes ou d'un écho
suffisant pour faire valoir des revendications longtemps modestes. C'est
ce qu'entend explorer ce dossier sous un angle nouveau. Se dévoilent
ainsi, selon une perspective à la fois par le haut et par le bas, la
place des étrangers et immigrés dans la vie politique française, tout
comme l'émergence d'une véritable vie politique d'exil. D'emblée
apparaissent des ambiguïtés au plus haut sommet de l'Etat, tiraillé
entre l'injonction à la neutralité politique et la garantie des libertés
individuelles. Partis, associations, acteurs collectifs ou individuels
ont cependant cherché à s'insinuer dans ces brèches afin de faire
entendre, voire peser, la voix de ceux qui venaient d'ailleurs mais dont
la destinée rejoignait, de manière momentanée ou définitive, celle de
la France. L'approche politique permet en outre de décentrer les
analyses traditionnelles, d'ordinaire tournées vers le seul horizon de
l'intégration, au profit des processus complexes de politisation en pays
d'accueil d'immigrés qui pouvaient se mêler au jeu politique français
ou, au contraire, développer des espaces autonomes d'engagement. Le
temps long, des années 1880 à nos jours, permet enfin de donner du champ
à cette histoire des marges, qui contribue à éclairer la vie politique
nationale autant qu'à lui conférer une coloration qu'elle a trop
longtemps négligée.
Parlement(s), revue d'histoire politique - N° 27
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