
Mark Twain et l'histoire
Poétique et politique de la trace
L’écriture de Mark Twain élabore une poétique de la trace qui est le creuset d’une reconfiguration de l’histoire où s’expriment un questionnement sur l’expérience démocratique de la nation américaine ainsi qu’une critique de la modernité. Issu des représentations mythiques de la jeune nation, le motif de la trace permet d’appréhender l’inscription de l’histoire dans le territoire ainsi que l’opposition, instable, entre l’Amérique et cet « autre » que sont les monarchies européennes. Sous ses multiples formes, la trace s’inscrit dans un faisceau de représentations littéraires, iconographiques et idéologiques que l’oeuvre de Mark Twain s’approprie, détourne et subvertit pour exprimer la perte des origines fondatrices et l’enlisement de l’histoire américaine dans une temporalité enrayée. À l’emprise mortifère des traces, son écriture oppose l’utopie de la non-inscription, principe d’une sortie de l’histoire et d’une coïncidence retrouvée avec l’origine. La résurgence de tensions irrésolues dans les textes tardifs convertit cependant cette utopie en dystopie pour réduire l’histoire à une dérive insensée dans l’inactuel, où les traces ne sont plus que les signifiants d’un rêve sans substance. La définition d’une esthétique s’articule ici avec une approche historiciste qui inscrit l’oeuvre dans le contexte idéologique, artistique et culturel américain du XIXe siècle et du début du XXe.
Publié avec le soutien de la faculté des lettres et de l’unité de recherche « Religion, Culture et Société » (EA 7403) de l’Institut Catholique de Paris
Littérature
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