L'Agir littéraire
Le beau risque d'écrire et de lire
Le moindre des égards que nous devions à une œuvre de la littérature ou des autres arts, c’est de lui reconnaître, par provision, une double nécessité : une nécessité interne par laquelle elle est justement une œuvre, une nécessité externe qui la motive, la justifie et l’insère dans l’ordre de la vie et de l’existence. Mais justement, et parce qu’elle relève profondément de l’agir humain, nous devrions aussi nous rappeler qu’à l’origine, l’œuvre littéraire comme toutes les œuvres d’art était contingente, improbable et en quelque sorte miraculeuse. Comment penser alors la contradiction qui fait de chaque œuvre un objet d’études ou de contemplation et en même temps une aventure chèrement payée et toujours risquée ? Comment penser l’œuvre littéraire principalement au sein de sa propre fragilité : de cette fragilité qu’elle semble dépasser mais aussi conserver en elle et même reconduire parmi nous, ne serait-ce que parce qu’elle se trouve sans cesse suspendue à nos lectures, c’est-à-dire à nos ferveurs, nos humeurs, nos pensées et même nos trahisons ?
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